Rurutu (Archipel des AUSTRALES)

Publié le par Mocky Fetii

Les vacances étaient programmées depuis longtemps. Nous devions en famille partir vers cette île située dans les Australes à environ 1h30 par ATR 42 de TAHITI. Comme le Gardian ne rentrait pas avant le lundi en fin d'après midi, Béa et les enfants se sont envolés tous les 3. Je devais les rejoindre le lendemain, ce qui aurait été un moindre mal, mais AIR TAHITI était complet, et AIR GARDIAN de nouveau en panne. Quand on est maudit, on reste seul à Pamatai.

La suite par ceux qui l'ont vécue...

                

Rurutu une île au récif corallien très proche de la côte, d’où l’absence de lagon et une observation des baleines plus aisée, car elles approchent des côtes à 30 m.

Lundi 21 septembre, nous décollons à trois (eh oui, ce sont les aléas du métier de militaire) à 06H15 pour Rurutu, archipel des Australes, avec pour objectif de voir les baleines à bosse et de faire quelques plongées. Un stop à Tubuai nous permet de découvrir cette île, vu du ciel le lagon est magnifique. C’est à Tubuai que les mutinés du Bounty tentèrent de s’établir en 1789, mais rejettés par les habitants, ils se sont finalement installés à Pitcairn. 

Arrivés à destination,  Nous sommes accueillis par Viriamu de la pension Teautamatea.


Petite déception, selon notre hôte, les baleines n’ont pas été vues depuis plusieurs jours, mais d’ici la fin de semaine l’espoir est permis. Je téléphone alors au Raie Manta Club pour réserver des plongées, et là nouvelle déception, pendant la saison des baleines, aucune plongée n’est programmée. Du coup, cela limite les activités du jour. Alors programme relaxe avec marche sur la plage à la recherche d ’étoiles de mer, retour à la pension pour manger un excellent poisson cru et nouvelle marche avec farniente sur la plage située en face de la pension. Nous mettons un pied dans l’eau mais pas plus car elle ne dépasse pas les 20°.

Dans la soirée, une bonne nouvelle tombe : Christophe effectue une mission vers Rurutu et nous le récupérerons demain matin à l’aéroport. En attendant, au menu une bonne soupe qui réchauffe et un filet de thazard à la sauce vanille très bien préparé ou un steak pour les carnivores, suivi d’une glace maison à la goyave/vanille. La soirée est plutôt fraîche, les petites laines sont de sortie.

Aussi, ce mardi matin, la tour de contrôle de Rurutu nous avise que le gardian va se poser à 08h40. Lorsque nous arrivons à l’aérogare avec Elin notre hôtesse, la piste nous semble bien déserte. Après 10 minutes d’attente, l’info tombe : le gardian a fait demi-tour en raison d’un problème technique. No comment !!! 

Elin nous dépose non loin de la grotte Ana Aeo, appelée aussi grotte Mitterrand (suite à la visite de ce dernier en 1990). C’est la plus grande de l’île avec des colonnes, des stalagmites et stalagtites aux formes diverses.

L’après-midi, Elin nous dépose au village d’Avera. On y trouve beaucoup de membres de la famille de son mari Viriamu. Rappelons qu’il est le fils aîné des descendants des chefs ari’i nui de l’île dont l’ancêtre fut le dernier roi. Petit détour par le fare artisanal où nous sommes reçus pas les «mamas»  du village. Nous pouvons admirer leur travail de vannerie et tressage, techniques héritées de l’ogresse Hina  (des chapeaux, des paniers, des sacs, des nattes, tressés en pandanus).


Cet artisanat est réputé dans toute la Polynésie. Et c’est vrai que le travail est beaucoup plus fin qu’ailleurs. Du coup, les filles se laissent tenter par un beau chapeau confectionné à partir de deux pandanus de couleurs différentes. Retour en 4X4 à la pension, et après une petite ballade sur la plage, nous posons nos serviettes à l’ombre des pins aïto pour un petit moment de repos bien mérité. Le soleil commence à tirer sa révérence, et pour le dîner un carpaccio de thazard suivi d’un filet de mahi mahi nous ravissent les papilles.

Après une bonne nuit de sommeil, loin des bruits de voitures, de chiens et de coqs, Nahuma, un pêcheur local vient nous chercher, direction le petit port de Moerai. Nous avons prévu une sortie baleines, bien que les mégaptères se soient fait la malle depuis plusieurs jours. Nous embarquons avec deux pêcheurs. Ils nous distribuent des cirés jaunes, ce qui laisse présager une mer formée.


En effet, dès la passe, le poti marara subit l’assaut des vagues. Dans la matinée, nous essuyons des creux de 2 à 3 mètres. Nous faisons le tour de l’île, avec de jolies vues sur les falaises et leurs grottes calcaires, ainsi que sur les sommets intérieurs. Mais pas de baleines à bosse en vue. Le capitaine décide alors de s’arrêter dans une petite baie où la mer est plus calme et son équipier se met à l’eau pour pêcher. Il nous remonte quelques kilos de burgos et de gros oursins (vana). Suit alors la dégustation, aussitôt sortis de la mer, aussitôt mangés. Nous reprenons notre périple avec des paquets de mer pour nous rafraîchir. Soudain, l’un des pêcheurs pointe le doigt ver le large en criant « mahi mahi ! ». Le bateau se dirige vers le point indiqué et une ligne est mise à l’eau. Le fil de pêche ne tarde pas à se tendre et un beau mahi mahi femelle (daurade coryphène) de 30 kg finit au fond  du bateau. Nous sommes tous bluffés. En fait, le pêcheur a repéré des oiseaux signalant la présence du poisson qui évolue souvent en couple. Nous rentrons au port après 04h30 de ballade. Les baleines ont brillé par leur absence, mais nous avons quand même de beaux souvenirs dans la tête.

L’après-midi est consacré au tour de l’île en 4X4 avec Viriamu. Passage à la grotte Mitterrand où nous apprenons que des sacrifices humains ont eu lieu en l’honneur des dieux.


Puis nous nous dirigons vers le village d’Avera, avec plusieurs arrêts qui nous permettent de découvrir de jolis points de vues sur la côte. La route de ciment se transforme rapidement en piste. Nous faisons une halte dans une tarodière exploitée par plusieurs familles, car le taro a une place importante dans l’alimentation des îliens. Partout où nous passons, nous remarquons que la végétation est luxuriante, les bords de routes sont entretenus et il y a beaucoup de cultures (patates douces, haricots verts, choux, tomates, manioc, bananiers, pamplemoussiers, citronniers, avocatiers, manguiers, plantation de café, pandanus…) . Et au gré d’un virage nous croisons soit un cheval, soit une vache, soit une kyrielle de cochons aux couleurs surprenantes. L’étape suivante nous amène au trou du souffleur. Sur le platier, tel un souffle de baleine, une gerbe d’écume s’échappe du récif au rythme des vagues. Les plages, avec quelques criques se succèdent, et l’on trouve parfois des espèces de baignoires, qui avec un peu de soleil invitent à la baignade. Cela dit, ici l’eau dépasse difficilement les 20° en cette saison. Avant d’arriver au village d’Auti, des falaises abruptes, hautes de 50 m se dessinent. Certains villageois sont affairés à la construction d’une église protestante, comme tous les jours. Ils partageront ensuite le maa, repas du soir dans une salle communale. Notre guide nous fait aussi découvrir un four à chaux. On en trouve dans les trois villages de l’île. Les habitants enterrent des rondins de bois différents, notamment du pin aïto très dur qui se consume lentement, ainsi que de la bourre de coco. Ils les recouvrent de coraux et de calcaire, puis allument un feu qui va durer cinq mois. Tous les habitants peuvent se servir pour recouvrir leurs murs. Nous poursuivons vers Moerai.


Les falaises sont creusées par de nombreuses grottes calcaires. Moerai est le village principal. Passage devant l’église et près du tombeau des rois de Rurutu. La nuit est tombée quand nous bouclons notre tour de l’île de 36 Km.

Le jour suivant, après avoir emprunté la route traversière nous entamons une randonnée de 10 km vers les crêtes côté sud. le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Sur le chemin qui mène au mont Erai (289m), nous traversons des pinèdes qui rappellent quelque peu certains paysages de métropole. La végétation (hibiscus, tamanus, citronniers, bananiers, arbres à baleines...) est variée et luxuriante. Nous faisons une halte pour déguster des oranges. Sur la piste qui descend vers Avera, nous croisons plusieurs 4x4. Leurs occupants nous saluent de la main et certains nous proposent même de monter à bord. Mais nous poursuivons notre ballade à pieds. un tour dans le village et nous allons manger au snack, face à la plage.

L' après-midi est consacré à un nouveau tour de l'île en 4x4 avec Viriamu pour découvrir de nouveaux lieux. Soudain, le véhicule s'arrête. Notre guide a décidé de nous faire découvrir une grotte que seuls les anciens de l' île connaissent, car la jeune génération semble parfois moins respectueuse de sa culture ancestrale. Préservée par des gardiens qui se sont transmis le secret de génération en génération, cette grotte aurait servi de refuge pour certaines populations persécutées par les guerriers de l'île. Audrey servira cette fois de cobaye pour l'exploration d'une cavité dons le passage étroit donne sur une autre grotte. Notre petite victime n'en sortira pas indemne, et se fera une joie de nous faire remarquer que ses vêtements sont "pleins de boue", les jours précédents ayant été pluvieux. Nous avons sorti notre lampe torche et découvrons des stalagmites et stalactites qui parfois se rejoignent.

A l'extérieur, Viriamu nous montre un tamis. Les "mamas" viennent ici pour récupérer de tout petits coquillages dans le calcaire qu'elles vendent ensuite pour la décoration. La descente s'avère plus périlleuse. Arrêt sur une plage avec dégustation d'eau de coco frais avant de passer dans le village d'Avera. Non loin de la côte nous remarquons 3 bateaux, qui sont là pour une bonne cause.

Eh oui, une baleine et son baleineau sont près de la passe Opupu. Viriamu nous dépose au belvédère d'où nous pouvons les observer pendant plusieurs minutes. Après une absence de plusieurs jours, elles semblent se reposer à la surface, donc pas de saut ou de cabriole. Seulement des jets, qui nous rappellent que ces géants doivent remonter fréquemment à la surface pour respirer. Les moustiques nous encouragent finalement à regagner la pension avant que la nuit ne tombe. Cas de conscience : allons-nous maintenir la randonnée équestre du lendemain ou programmer une nouvelle sortie baleine...

Vendredi matin, la pluie a parlé pour nous. La promenade à cheval est annulée. Donc rendez-vous est pris avec Anuma, le pêcheur. Ce matin, la mer est un peu plus calme que mardi ; il y a tout de même un peu de houle, et la pluie n'a pas cessé. Mais nous sommes motivés. Après 10 minutes de recherches, nous avons le plaisir d'assister à un festival de sauts : une mère, et son baleineau (qui reproduit tous ses mouvements par mimétisme) se présentent à nous.


Mais lorsque nous arrivons plus près d'eux, nous les perdons de vue. Nous changeons de cap. Au loin, 4 bateaux se sont regroupés ; c'est un bon signe. En effet, une baleine mâle évolue le long de la côte. Nous apercevons son souffle. Nous nous approchons et le suivons pendant un bon moment. Mais lorsque les bateaux s'approchent de trop, la baleine disparaît, nous avons cependant le droit à 2 superbes "sondages"  (plongée de la baleine dont la dernière apparition de leur queue). A d'autres moments, certains se mettent à l'eau, en vain. La baleine ne souhaite pas être dérangée : elle tire sa révérence à chaque fois, et finalement se dirige vers le large. Il est 12.H30, et notre capitaine décide de rentrer. Et, surprise, dans la baie de Moerai, 4 baleines nous attendent,  2 mâles, une mère et son petit. Nous pouvons nous approcher très près, ce qui nous permet de voir hors de l'eau leurs nageoires dorsales, leurs têtes, ou leurs queues. Nous ne nous mettons pas à l'eau car la houle est assez forte. Dommage ! Des moments inoubliables quand même.

La pluie n'a pas cessé. Dans l'attente de notre avion, nous passons l'après-midi à la pension. Nous regardons un DVD sur les baleines à bosse tourné avec notre capitaine, Nahuma dans le rôle du... capitaine et Yann Hubert, un moniteur loup de mer, avec qui nous avons plongé à Rangiroa. La nuit tombe et notre avion à du retard à cause des conditions météo. Nous qui espérions apercevoir les baleines au décollage.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article